Pour une fois, ce fut simple. L’arrêt de bus numéro 1 étant juste à côté de notre guest-house à Chiang Rai, nous n’avions qu’à traverser la route pour prendre un bus. Nous mettrons 1h30 pour parcourir les 57km qui séparent Chiang Rai de Mae Sai (wou hou, ça fonce!) dans un bus on ne peut plus sec, ça fait du bien. La chaleur est bel et bien de retour. Nous arrivons à Mae Sai en plein cagnard, mangeons sur le pouce et partons vers le centre-ville, situé à 5km de la gare routière comme de bien entendu.
3 litres de transpiration plus tard, nous arrivons au « friendship bridge », pont au nom délicieusement hypocrite traversant le Mékong qui fait ici office de frontière naturelle avec la Birmanie. Nous traversons un marché chinois (la plupart viennent ici en traversant la Birmanie qui n’est pas vraiment épaisse à cet endroit) en bousculant tous les parasols avec nos énormes sacs à dos sous l’oeil amusé d’un touriste anglais avant de nous arrêter à la première guest-house venue. Elle est située en plein milieu du marché mais bon, espérons qu’il ne soit pas ouvert 24/24h. Nous déposons nos sacs, séchons nos t-shirts rapidement au soleil et fumons une petite cigarette alors que nous voyons arriver l’anglais de tout à l’heure sur le balcon de la chambre d’à-côté. Il est de passage ici (comme 90% des touristes dans cette ville) pour renouveler son visa en faisant un aller-retour sur le friendship bridge et nous explique le chemin pour se rendre à un temple situé sur la colline. Nous partons sitôt nos mégots écrasés. Le temple en lui-même ne justifie pas la volée interminable de marches que nous nous sommes tapés mais la vue est juste imprenable.
Il fait déjà nuit quand nous arrivons en bas des marches et un marché de nuit s’est installé le long de la rue principale. Idéal pour grignoter un petit truc pas cher avant d’aller se pieuter. Ben optera pour des espèces de dim-sum au porc (il devra quand même mimer l’animal à la vendeuse pour s’en assurer) afin de comparer avec les momos népalais. Le verdict est très thaï: « Same-same but different ».
Le lendemain, nous nous levons avec les poules pour prendre un bus/taxi/pick-up (c’est plus simple que « Saewngthaewn » et ça vous parle quand même mieux, non?) direction Chiang Saen. Ben chargera les sacs sur le toit du véhicule avant le départ et pense d’ailleurs faire carrière ici dans ce secteur car les thaï étant gaulés comme des câbles de freins sans gaine (exception faite des boxeurs et des joueurs de Tàkrâw), aucun n’a encore réussi à soulever nos sacs jusqu’à hauteur de genou. Nous parcourons 37 kilomètres sur des routes en construction et passons par le triangle d’or, endroit où le Mékong forme une frontière entre le Laos, la Birmanie et la Thaïlande, célèbre pour ses champs d’Opium et son trafic d’héroïne à peine dissimulé à l’oeil du touriste lambda. Les champs d’Opium on été reconvertis à l’initiative du roi actuel (véritable dieu vivant de 83 piges, aux manettes depuis 1946) mais les narcotraficants savent s’adapter. Une fois arrivés à Chiang Saen, premier constat: il n’y a rien à y voir et encore moins à faire. Nous posons nos sacs dans une guesthouse un peu à l’écart et repartons pour le triangle d’or mais à pied cette fois.
6km plus loin, un sympathique thaï nous propose de faire les 2 kilomètres restants à l’arrière de son pick-up. Nous acceptons volontiers et en profitons pour sécher au vent. Faut dire que durant ces 6 kilomètres, il n’y avait rien, seuls les constructeurs de route nous regardent d’un air amusé, mais se disaient sûrement « ils sont complètement fou! ». Bon ok, ils n’ont pas tort, on a toujours l’art de partir à l’aventure aux heures les plus chaudes, donc pas moyen de profiter de l’ombre des arbres surtout sur des routes aussi désertiques! Notre lift nous déposera devant une statue colossale de Bouddha, nommée à juste titre « The Biggest Bouddha ». Quel pragmatisme. Nous longeons le mékong et profitons de la fraîcheur qu’il dégage avant de repartir, toujours à pied, vers Chiang Saen. C’est assez marrant ,si on peut dire, de se trouver dans un pays, se dire qu’il nous suffit de traverser le Mékong pour se retrouver au Laos ou bien de faire pas plus de 2 kilomètres sur la même rive pour se rendre en Birmanie… Le triangle d’or, le nom convient parfaitement.
Sur le retour, personne ne nous proposera de lift et nos chaussures avaleront tant bien que mal ces 8 kilomètres. Le village a déjà l’air plus vivant en fin d’après-midi, nous observons des sexagénaires faire leur yoga sur la place de l’hôtel de ville et les vendeurs ambulants monter leurs échoppes avant d’aller déguster leurs plats. De retour à la guest-house, nous prenons un petit verre avant d’aller nous coucher et demandons à la patronne s’il existe des bus pour Chiang Khong car en déambulant dans les rues, nous n’avons vu ni arrêt de bus, ni de Saewngthaewn et encore moins de tuk-tuk. Coup de bol énorme, son mari se rend demain au Laos et propose de nous emmener vers 9h. À 8h30, nous sommes devant la guest-house, attendant l’homme de la situation. 9h, on commence à croire qu’il était un peu trop bourré hier soir alors qu’il surgit de la ruelle adjacente. « Hello! 5 minutes, please ». Les minutes thaï étant exactement les mêmes que les minutes népalaises, nous démarrerons à 9h35. 53 kilomètres à l’arrière d’un pick-up, c’est quand même vachement plus sympa qu’en bus, de plus nous avons une vue de 360° sur tout ce qui nous entoure, c’est magnifique, on ne s’en lasse pas! Il nous dépose juste devant l’embarcadère/douane depuis lequel nous quittons la Thaïlande. Mais pas définitivement…