Cebu – Loboc

2 12 2011

Nous décollons 15 minutes à l’avance et arrivons à Cebu avec le même laps de temps d’avance. Une première dans l’histoire de nos pérégrinations asiatiques, tous moyens de transport confondus. Après une petite demie-heure de taxi, nous arrivons à Cebu city, la plus vieille ville des Philippines. Le moins qu’on puisse dire c’est que la ville porte fièrement son titre bien qu’elle accuse amplement le poids des ans. Le quartier où nous nous posons momentanément est un repère à prostituées qui ferait passer Bangkok pour un cloître et la décrépitude et la pollution ambiante, en l’incarnation d’un smog s’étalant sur des dizaines de kilomètres, détrône Jakarta au classement des villes où nous ne nous attarderons pas.

Le lendemain, nous prenons le ferry de 9h30 pour Tagbilaran, ville à taille un peu plus humaine mais tout aussi polluée qui sert de capitale à l’île de Bohol, la 10ème plus grande île de l’archipel Philippin. Nous nions royalement les rabatteurs qui veulent nous emmener dans des resorts en bord en mer et sautons dans la première Jeepney pour Loboc, où se situe Nuts Huts, le paradis des backpackers selon le Lonely Planet. Nous marchons les quelques kilomètres séparant le site de Loboc et arrivons trempés de sueur mais nous ne sommes pas au bout de nos peines car une abominable volée d’escaliers descend depuis le restaurant/réception et il va donc inévitablement falloir les remonter. L’endroit est idyllique, en pleine jungle au bord d’une rivière d’un vert émeraude. Nous remontons péniblement pour manger notre premier repas de la journée car nous commencions à trembler d’un peu partout. Nous redescendrons zoner sur notre balcon le reste de la journée et réservons une mobylette pour la journée du lendemain non sans avoir sympathisé avec le patron, un anversois expatrié depuis 12 ans et nos voisins de table, à savoir des anversois également. Nous n’avons jamais rencontré autant de belges (encore moins) au même endroit, on se croirait sur la Costa del Sol!

9h le lendemain, nous trouvons notre mobylette à l’endroit convenu et partons aussitôt pour une ballade qui nous emmènera d’abord aux Chocolate Hills, parc national comptant un millier de collines plus ou moins identiques qui tiennent leur nom de la coloration qu’elles prennent à partir du mois de Mars. Une fois n’est pas coutume, nous sommes hors-saison et décidons avec l’anversois de la veille de les renommer les Tea Hills. Nous ne nous éterniserons pas au Choco Complex (sic) vu le grotesque de l’endroit. Une fausse grotte bleutée en polyester sert d’entrée au site, qui est plein à craquer de chinois essoufflés par la montée des 167 ridicules marches jusqu’au point de vue. Nous reprenons route pour Sagbayan et longeons des rizières sur des dizaines de kilomètres, surplombées par ces collines « chocolatées » qui s’étendent jusque là. Ce tronçon de route est tout simplement superbe et nous fait rapidement oublier l’anecdotique point de vue où nous venons de perdre 15 minutes. Nous bifurquons avant Sagbayan et empruntons un chemin de terre jusque Catigbian, où nous ferons une pause-clope pour oublier la rigidité de la selle de notre destrier. Nous nous remettons en route pour la réserve des tarsiers, à mi-chemin entre Corella et Sikatuna. Nous sommes accueillis par un ranger qui nous invite à pénétrer dans la réserve d’un hectare qu’ils ont aménagé spécialement pour ce petit primate aux yeux globuleux. 1 hectare semble énorme pour de si petites bestioles mais il nous informe qu’il ne peuvent en garder que 10 sur cette superficie sinon la nourriture commencerait à manquer. Ils sont actuellement 11 car un bébé tarsier a vu le jour il y 6 mois. Il a déjà sa taille adulte et le mois prochain, ils comptent le relâcher dans la jungle. Bien qu’ils aient un physique assez ingrat, ces animaux sont aussi attendrissants que curieux. On dirait un mélange entre un rat, un macaque à l’échelle 1/10ème et la gamine dans « l’Exorciste » à cause de leur faculté à pouvoir faire pivoter leur tête à presque 360°. Notre visite n’excédera pas 10 minutes car bien qu’étant une espèce protégée, les tarsiers sont avant tout des animaux nocturnes que les rangers essaient de déranger un minimum durant la journée. En sortant du complexe, il faut bien avouer que nous avons un petit creux et n’ayant vu aucun restaurant où échoppe sur la route, nous décidons de revenir jusque Tagbiliran pour enfin goûter un burger de chez Jollibee, fast-food local omniprésent aux Philippines. Nous ne sommes plus qu’à 6 kilomètres de la ville et vu que nous savons pas combien de temps nous allons rester au Nuts Huts, il serait judicieux de profiter des seuls distributeurs de billets de l’île. Nous nous acquittons de ces tâches assez rapidement car bien que d’une taille modeste, Tagbilaran reste une vraie ville avec tout ce que ça implique; pollution, trafic impossible, mendicité et blaireaux tentant de vous vendre n’importe quoi. Nous taillons la route jusque Loboc, où nous nous arrêtons pour contempler l’église, la deuxième plus ancienne des Philippines et observer les gens sortir les barbecues (enfin!) pour griller les kilos de porc leur servant de dîner. Nous rentrons « à la maison » avant le coucher du soleil car le chemin chaotique jusqu’au Nuts Huts doit juste être suicidaire la nuit tombée. Nous dînons d’un spaghetti et de quelques bières avec nos voisins de table, à savoir un écossais et une suédoise vivant ensemble à Stockholm. Discuter voyages avec ces gens amoureux du pays dans lequel ils vivent nous fait ajouter l’Ecosse et la Suède à notre petite liste…

Le lendemain, nous restons au Nuts Huts pour profiter de cadre enchanteur et ne ferons pas grand chose à part dessiner. Il nous reste un peu moins d’une semaine aux Philippines avant notre vol pour Singapour et il faut bien avouer que nous ne sommes pas pressés de retourner à Cebu. Nous conseillons Walter, le propriétaire des lieux, pour son prochain séjour sur Bornéo et viderons de nouveau quelques bières avec Tom et Nele, les anversois rencontrés la veille, qui s’en vont pour Banaue le lendemain. Nous leurs conseillons toutefois les services de Jeffrey et Derrick, les sympathiques guides que nous avons rencontré là-bas et espérons qu’ils auront droit au même traitement que nous!

Nous nous réveillons péniblement vers 11h ce troisième jour et après un déjeuner éclair, nous nous décidons enfin à assister à un combat de coqs, passe-temps favori des Philippins après le karaoké. Nous redescendons jusqu’à Loboc à pieds et rencontrons Shooti dans son échoppe, un vieil ami de Walter qui accompagne les touristes à ce genre d’événements. Le spectacle n’est pas aussi triste à voir que prévu, ces rixes ne s’avérant que très sporadiquement sanglantes malgré les lames aiguisées que les coqs portent à leurs pattes. L’important, c’est l’ambiance car après avoir vu un combat, ils faut bien avouer qu’ils se ressemblent tous. Le coq n’est pas animal à varier son style de combat; coups de bec, sautillements, battements d’ailes et déploiement de collerette constituent l’essentiel. L’arène est pleine à craquer d’hommes de plus de 18 ans (âge légal pour parier) qui s’époumonent et de bookmakers aux mémoires d’éléphant qui parviennent à retenir combien d’argent 30 personnes ont misé et sur quel volatile. Simplement incroyable, ils ne se servent ni d’un bic ni d’un bout de papier et tout le monde leur fait confiance les yeux fermés. Seul un jeune homme coche les noms des poulets victorieux sur un gigantesque tableau suspendu. Nous vous invitons à aller consulter les vidéos de cet évènement sur la page ad hoc pour que vous vous rendiez compte qu’il ressemble plus à « Wall Street » qu’à « Spartacus ». L’arène n’étant pas bien éloignée de Loboc, nous tuerons le reste de l’après-midi en retournant au Nuts Huts à pieds (5km) et rencontrerons des nouveaux arrivants Australiens sur la route qui nous déconseillent formellement de nous rendre à Alona Beach, la plage où nous comptions passer nos derniers jours sur Bohol. Elle serait selon eux beaucoup trop touristique, moyennement intéressante point de vue snorkelling et fréquentée essentiellement par des vieux occidentaux au regard lubrique. Finalement, nous sommes très bien où nous sommes…

Le lendemain, nous irons juste essayer une tyrolienne horizontale de 500m de long qui passe 120 mètres au dessus de la rivière Loboc, d’où le village tient son nom. L’expérience est bien moins impressionnante que prévu mais valait néanmoins le coup d’être tentée. Nous redescendrons dessiner dans notre cabane l’après-midi et irons nous coucher de bonne heure vu que nous avons réservé une mobylette pour le jour suivant afin de vérifier les dires des Australiens.

9h, nous montons péniblement l’escalier infernal du Nuts Huts pour récupérer notre destrier. Ce n’est pas le même que la dernière fois et celui-ci s’avère être en bien meilleur état que le précédent. Malheureusement nous n’aurons pas le loisir d’en profiter beaucoup vu qu’une fois sur Panglao, l’île voisine de Bohol reliée par 2 ponts où se situe Alona beach, une pluie torrentielle nous empêchera de nous déplacer à notre guise. Nous nous promenons tout de même sur des plages qui n’ont effectivement rien de stupéfiant (nous plaignons d’ailleurs les touristes allemands qui se sont fait déposer là pour la journée) et repartirons assez tôt vers Tagbilaran, où Ben ira se faire couper les cheveux dans un salon de coiffure/barbier/masseur/réparateur de téléphones/vidéoclub, ça ne s’invente pas. De retour au Nuts Huts, nous approuvons l’itinéraire que Walter s’est imposé pour son mois de vacances dans le Sabah et prenons congé après un dernier cocktail. Demain, retour à Cebu pour 2 nuits avant notre dernier vol pour Singapour! Ça pue la fin…





El Nido

22 11 2011

Ce sera Palawan! Île du Sud-Ouest des Philippines, réputée pour ses formations karstiques, ses grottes et ses plages désertes. Nous réservons donc notre vol pour le surlendemain de notre retour à Manille et profitons des gigantesques centres commerciaux de la ville pour manger Vietnamien, acheter des sandales qui ne se comportent pas comme des savonnettes sur un sol humide et s’abriter de la pluie, qui nous a rappelé à quel point l’adhérence de nos sandales actuelles est contestable.

Nous arrivons à Puerto Princesa, chef-lieu de l’île qui sous ce nom bien rutilant, s’avère être un gros village avec une piste d’atterrissage si ridicule qu’on se demande comment un A320 peut atterrir dessus. Nous sautons dans le premier van venu pour El Nido, à l’extrême Nord de l’île mais devrons attendre que 2 autres personnes nous rejoignent pour démarrer. L’opération prendra 2 heures, le trajet 6 et arrivons, une fois n’est pas coutume, à destination alors que la soirée est déjà bien entamée. On essaie déjà de nous pousser un package tour alors que nous passons à table, ça commence fort. La chambre n’est guère mieux vu qu’elle donne directement sur le restaurant et que seule une cloison en bambou la sépare de  celle d’à côté, expliquant probablement son prix.

Le lendemain, nous prétextons que nous préférons nous reposer du trajet éreintant que nous venons de faire et en profitons pour explorer le patelin. A deux pas se trouve la Salangane, un resto/bar français qui sert des pavés de bœuf comme Ben n’en a pas mangé depuis bientôt 10 mois et qu’il pourra même arroser de Pastis. Lui qui était au bord d’une dépression stomacale dans ce pays, le voilà aux anges! Colienne n’est pas en reste vu qu’ils proposent également des sandwiches au thon (avec du vrai pain qui ne pue pas la levure et du thon qui n’est pas mort de vieillesse). En revenant vers l’hôtel, nous planifions notre journée du lendemain, qui se résumera à voguer d’île en île pour nager, observer les fonds marins ou tout simplement faire la carpette de plage. Le programme est séduisant, les prix sont bons mais ne ferons appel qu’aux services du seul agent qui ne nous renifle pas l’arrière-train en permanence. Bien que les services en question doivent être d’égale qualité un peu partout à El Nido, la majorité de leur prestataires feraient bien de revoir leurs techniques de vente, probablement instruites par la communauté locale de témoins de Jéhovah (et oui, communauté locale de témoins de Jéhovah il y a).

8h30, nous embarquons pour notre journée au large, qui nous fera découvrir pas moins de 9 sites plus enchanteurs les uns que les autres. Trois lagons d’un bleu azur dont l’un d’une profondeur impressionnante où tournent en rond une ribambelle de poissons dont nous ignorons l’espèce. Le lagon « secret » comme l’appellent les locaux (et qui n’a rien de secret vu qu’il est rempli de Coréens) est lui par contre assez anecdotique vu que sa profondeur maximale ne doit pas excéder les 60 centimètres mais doit être assez romantique sans touristes. 2 plages paradisiaques flanquées de formations karstiques acérées qui ne dénoteraient pas dans la baie d’Halong et un récif corallien majoritairement mort aux profondeurs auxquelles nous nous aventurons mais qui accueille encore pas mal d’espèces de poissons. On suppose que les coraux sont en meilleur état plus bas dans cette fosse marine qui tombe à pic à quelques mètres de nous. Après le lunch sur une île où seulement un barbecue est installé pour cuire les poissons pris en chemin, nous nous mettons en route pour 2 grottes qui ne nous intéresseront que très vaguement car ce sont plutôt des alcôves par rapport à celles que nous avons visité sur Bornéo et au Vietnam. L’intérêt de leur visite sera plutôt de voir se démener l’équipage pour en sortir sans y laisser une partie du bateau. Le dernier site sera snake island, un bras de sable qui forme un pont naturel entre 2 îles. Sur la plus petite des deux, il y a un point de vue et nous comprenons alors pourquoi elle est appelée ainsi. Ce bras de sable zigzague littéralement entre des flots turquoise. Nous rejoignons la rive de l’autre île accompagnés d’un chien qui rentre chez lui, attiré par les sifflements lointains de son maître avant de rejoindre le bateau en ayant l’impression de marcher sur l’eau. Nous revenons pile à l’heure pour l’apéro avec Tomi, un Suédois expatrié à El Nido depuis 2 ans qui passe ses 2 semaines de vacances à descendre des litres de bière chez Boyet, le petit barman sympathique qui nous concocta de mortels Gin-Tonics la veille.

Le jour suivant, nous ne ferons que nager et paresser sur la plage pour finir nos bouquins respectifs. Nous demandons donc conseil à Tomi le soir même pour savoir où les échanger autour de quelques bières light (allégées en calories mais pas en alcool, la science des maîtres brasseurs Philippins est sans limites)! Le lendemain nous marcherons jusqu’aux plages avoisinantes et constaterons avec bonheur qu’elles sont désertes et ce jusqu’au coucher du soleil. L’apéro devenant sacré, Tomi nous présente Apocalypse (c’est son vrai nom, on ne plaisante pas avec la bible ici), ex-marin pêcheur de son état, qui nous propose de partir pêcher en mer le surlendemain à 5h du matin. Nous acceptons volontiers, d’autant plus que le bruit de la rue nous réveillerait si tôt de toutes manières. Nous profitons donc d’un jour de battement pour se prélasser de plus belle sur la plage.

5h du matin devant notre guesthouse le surlendemain, nous rencontrons Medhi, un français qui lui aussi a succombé aux sirènes de la pêche en mer. Nous lançons nos lignes (littéralement, pas de cannes ici, nous tenons juste un fil relié à une bobine) après le lever du soleil que nous admirons depuis la bangka (bateau local, sorte d’hybride entre une barque et un catamaran). A peine celles-ci ont touché le fond que nous avons déjà 2 prises chacun dont un jeune barracuda qui mesure déjà 30 honorables centimètres pour Ben. Apo nous avait assuré qu’il connaissait les bons coins mais nous ne nous attendions pas à une telle abondance. Nous changeons régulièrement d’endroits qui semblent tout aussi poissonneux jusqu’au lunch où nous mangeons (évidemment) des côtes de porc et une partie du menu fretin que nous avons amassé jusqu’à présent. L’après-midi sera moins prolifique à cause d’une pluie persistante qui conjuguée au vent et à la vitesse du bateau nous forcera à nous baigner pour nous réchauffer vu que l’eau de mer au moins, se maintient à 29 degrés. Nous décidons, après plusieurs spots où ne prendrons que des poissons pouvant servir d’appâts, de rentrer au bercail pour que le cuistot de notre guesthouse nous prépare de succulents sashimis avec nos plus belles prises. Le reste, nous irons les apporter à des locaux avec qui Medhi a sympathisé. 19h, la fine équipe est réunie autour de la table de l’Alternative pour déguster les lamelles de poisson cru promises. Après une petite bière bien méritée, nous retournons chacun dans nos pénates respectives, la journée nous ayant passablement lessivés.

Nous sommes, comme d’habitude, réveillés à 6h par les klaxons des tricycles et ce ménate alcoolique qui demande « Do you want a beer? » à qui veut l’entendre. Nous décidons donc de quitter l’Alternative pour nous installer au Kape Pukka, un poil plus loin sur la même rue mais de l’autre côté de la rue et plus précisément au fin fond du jardin pour le même prix et petit-déj inclus. Bonne opération. Nous allons enfin échanger nos bouquins chez le restaurateur Danois rencardé par Tomi et décidons de rester pour le déjeuner. Bien mal nous en pris car Ben ne digérera pas ses calamars, ce qui nous forcera une fois de plus à aller boire des coups avec Tomi et Boyet, notre tenancier favori, pour les faire descendre. Calme oblige et nuit agitée pour Ben (qui ne trouvera le sommeil que vers 4h du matin et n’émergera que vers 11h) anéantirons notre plan kayak de la journée. Une après-midi plage n’a jamais tué personne après tout, nous postposerons simplement l’activité.

Nous la postposerons tant et si bien que nous ne ferons du kayak que lors de notre dernière journée. En effet, le jour suivant s’est avéré pluvieux et celui d’après, nous rencontrons de nouveau Apo qui nous remercie largement pour le pourboire que nous lui avons laissé pour la journée de pêche. En bières, évidemment, ce qui ne nous rendra pas très matinaux le jour suivant. C’est donc à 9h la veille de notre départ que nous décidons de louer ces fameux kayaks. Nous traversons la baie et arrivons au large de Cadlao, une grosse île aux innombrables plages, que nous contournons soigneusement pour arriver à Bakal, un caillou flanqué d’une plage où le snorkelling est assez intéressant. Nous ne sommes pas seuls sur cette plage, une famille de locaux fêtant un anniversaire ayant débarqué à peine 5 minutes avant nous. Le temps que nous observions les fonds marins à notre aise, le reste de la famille a débarqué avec, comme il se doit, ballons, nourriture et rhum à outrance. Nous envisageons de démarrer pour ne pas les déranger outre mesure mais avant que nous ayons rejoint le kayak, Dany et Darren (2 frangins) nous sautent dessus et nous convient à partager le gras repas d’anniversaire. Peau et gras de porc, rognons de chèvre, riz collant à la noix de coco et salade sucrée de macaronis constituent le festin. Colienne se planque derrière son végétarisme et Ben a du mal a finir toutes les assiettes qu’on nous amène. Un petit verre de Brandy pour faire descendre le tout et nous voilà repartis après avoir chaudement remercié toute cette sympathique « petite » famille. La gentillesse des Philippins est quelque chose que nous n’oublierons pas de sitôt! 30 minutes plus tard, nous arrivons sur une plage au Sud de Cadlao où le snorkelling est tout aussi impressionnant. Nous verrons notamment des poissons clowns adultes  (une première) qui tentent de nous intimider dès que nous approchons trop près de l’anémone familiale. Colienne se fera aussi pourchasser par un petit poisson noir aux yeux jaunes, visiblement mécontent qu’elle soit entrée dans son périmètre vital. Une nouvelle demi-heure plus tard, nous arrivons sur une plage en face d’Helicopter Island, île qui doit son nom à sa forme et non parce qu’elle abrite un héliport. Des bungalows à flanc de falaise décorent cette plage, probablement loués par des touristes partis plonger à ce moment-là. Nous paressons un petit moment sur cette plage et réalisons qu’il ne nous reste que 2h pour ramener le kayak alors que nous ne voyons même plus El Nido d’où nous sommes. Nous repartons aussi sec mais notre vitesse de croisière est considérablement diminuée par 2 facteurs; le vent de face et une certaine fatigue musculaire. Bref, on en a bavé sévère pour rentrer mais surprise au retour, il n’est que 16h15, ce qui nous laisse le temps d’aller prendre une douche avant d’entamer la tournée des grands ducs. Nous retournons à l’Alternative car Boyet y travaille à mi-temps et tombons sur Apo en chemin, ce qui nous fera aller boire des bières chez Boyet mais sans lui. D’autres amis francophones d’Apo nous rejoignent et nous passerons la soirée à discuter là jusque’à ce que Boyet ait terminé son service. Après des adieux déchirants, nous accompagnons les français pour un gratin de pâtes chez le restaurateur allemand de la plage, qui a lui aussi l’air d’être dans un état d’ébriété avancé. Succulent repas qui nous sauvera d’une gueule de bois le lendemain. Les français partent se coucher vu qu’ils prennent le bus de 5h du matin et nous retournons une dernière fois à la Salangane pour un dernier godet avec Tomi, qui a repris du service de l’autre côté du comptoir. Un excellente soirée d’adieu en somme!

9h du matin le lendemain, nous embarquons dans un van avec 3 allemands et une famille de locaux. Les allemands se plaindront tout le trajet, c’est vrai qu’on a rarement eu un moyen de locomotion aussi pourrave depuis longtemps mais bon, on fait avec. Le pire retse l’air conditionné et son rayon d’action d’au moins 27 cm, permettant à la famille de Philippins de passer le trajet au frais, les allemands et nous-mêmes arrivant à Puerto Princesa en sueur (et les fesses engourdies). Nous trouvons une guesthouse particulièrement bon marché où nous retournerons après une pizza (meilleur rapport graisseur/prix de la ville) et un rapide tour des environs car c’est au tour de Colienne de ne pas digérer. Couplé aux courbatures de notre exploit sportif de la veille, elle est complètement KO. Au moins, nous passerons une bonne et longue nuit avant de nous envoler pour Cebu, l’ancienne capitale, d’où nous prendrons un ferry pour Bohol, île du Sud des Visayas où nous attendent les collines chocolat et l’un des plus petits mammifères au monde, le tarsier.





Vigan – Laoag

9 11 2011

Nous repassons par Baguio pour rejoindre Vigan, petite ville du Nord de Luzon (l’île principale des Philippines) qui arbore une architecture coloniale espagnole particulièrement bien conservée vu qu’elle est l’une des rares villes à avoir été épargnée par les bombardements de la seconde guerre mondiale. La tournée des hôtels hors-budget commence et nous trouvons finalement une auberge pas trop chère au cœur du vieux quartier. Elle est décorée comme un presbytère anglais et nous avons carrément l’impression de dormir dans une chapelle (on a même droit au St-Christophe au dessus de la porte). Nous arrivons le jour de la Toussaint et le cimetière est grand ouvert, une musique festive y résonne et les rues adjacentes sont fermées pour laisser place aux barbecues et autres vendeurs de snacks, pour le plus grand plaisir des locaux et de leurs disparus, vu que les premiers vont discuter et ripailler sur la tombe de ces derniers. Si on faisait pareil chez nous, ce serait moins chiant triste! Déambuler dans ses rues intemporelles sera notre passe-temps pendant 2 jours durant lesquels nous ne ferons pas grand chose d’autre, Vigan étant relativement petite. Nous ferons toutefois le tour des agences de voyages pour savoir comment prolonger notre visa à 59 jours vu qu’il est actuellement limité à 21 et que la date fatidique approche à grands pas. Vigan étant l’une des plus grosses bourgades de la province d’Ilocos Sud, nous pensions trouver là un bureau d’immigration mais nous devrons nous taper quelques 3h de bus (soit 80km) pour Laoag, capitale de la province d’Ilocos Nord pour ce faire.

Histoire de ne pas perdre de temps à chercher après ce foutu bureau (nous sommes un vendredi, il est 14h et les consulats Indonésiens nous ont bien fâchés avec la bureaucratie asiatique), nous sautons dans un tricycle qui nous dépose royalement à 500m de la gare des bus. Une économie de perdue mais vu la taille de la porte, on aurait pu passer le weekend à chercher l’entrée. 1h plus tard, nous ressortons du bureau avec nos 38 jours supplémentaires imprimés sur nos passeports. Ca valait la peine, on aurait pas voulu passer la journée dans une salle d’attente à Manille. De plus, les officiers sont super sympas et kiffent Kim Clysters. Nous nous promenons dans Laoag, qui n’est guère plus grande que Vigan, et après avoir vu ses 3 églises encore debout et son panneau gigantesque à la Hollywood, nous terminons la journée en regardant un gamin potelé mettre à mal un ado sur le court de tennis municipal. Le temps de dîner et d’écrire ceci et nous montons déjà dans le bus qui nous ramènera à Manille, d’où nous prendrons un vol domestique mais jusqu’où? Nous avons 10 heures pour y réfléchir…





Banaue

30 10 2011

Nous arrivons à Banaue après une petite escale à Baguio (à 9h de Manille) où nous ne ferons pas grand chose à part manger dans un resto chinois absolument immonde et trouver « Crapette » au marché central. Crapette est un porte-monnaie fabriqué avec les parties non comestibles d’une grenouille. Logiquement, elle n’a plus ses cuisses et une fermeture éclair recouvre le bas de son abdomen. Un achat obligatoire vu son utilité et son bon goût. Nous l’utiliserons comme housse pour notre mini-diffuseur vu qu’il rentre pile-poil dedans.

Le lendemain, nous repartons pour 10h dans un bus d’une rare décrépitude mais les paysages que nous traversons feront passer le trajet en un éclair et nous avons juste le temps de poser nos sacs avant le coucher du soleil. Avant que le noir complet s’empare du village, nous pouvons quand même admirer les rizières en terrasses depuis notre chambre, la meilleure depuis que nous avons posé le pied au pays des Philippes mais aussi la moins chère. Ca tombe bien, nous comptons rester un petit moment ici! Nous rencontrons Anthony en allant dîner qui nous propose ses services de guide pour un trek 3 jours/2 nuits à travers les rizières et la cordillère centrale. Après avoir bien raqué au Népal et en Indonésie, nous acceptons sans hésiter vu le prix ridicule qu’il demande. Nous dormirons comme des bébés cette nuit là, la température fraîche y est certainement pour quelque chose.

Après un bref survol de notre portefeuille, nous décidons le matin suivant de prendre une Jeepney jusqu’au chef-lieu de la province, Lagawe, seul village disposant d’un ATM compatible avec nos cartes internationales. Bien que situé à 25 kilomètres, l’aller-retour nous prendra la journée. Nous rencontrons Mike à bord de la Jeepney du retour qui de fil en aiguille nous invite à prendre un verre au bar du village le soir venu. Vu que le soleil se couche tôt et que Banaue est situé dans une vallée, le soir arrivera bien vite et nous prenons donc la direction du Friendly bar où un groupe joue des classiques country. Après quelques bières, Jeffrey vient s’assoir à notre table et nous informe qu’il sera notre guide pour le trek car Anthony à décidé de sous-traiter. Il prend congé assez rapidement pour être en pleine forme le lendemain. Arrivent alors son grand-père, the lost Korean (un ami Coréen qui a décidé de s’installer ici) et le propriétaire de la guesthouse où nous avons temporairement élu domicile. Les conversations et les bières s’enchaineront à une vitesse folle et nous ne rentrerons que vers minuit, réveillant au passage le staff de l’auberge, qui apparemment ferme ses portes à 22h. Nous en prenons bonne note.

Partir en trek avec une gueule de bois s’annonce difficile mais nous ne sommes pas les seuls. Jeffrey, notre guide n’est pas exactement rentré chez lui la veille mais a plutôt continué à picoler avec ses potes jusqu’aux petites heures. 7h de marche au beau milieu de terrasses à perte de vue, de dégradés de vert le tout sur des petits chemins assez épiques vu leur étroitesse, des éboulements et autres glissements de terrain nous faisant faire quelques détours qui mettrons à mal notre équilibre et nos réflexes amoindris par la soirée de la veille. Cela s’avère au final beaucoup plus facile que prévu exception faite de 2-3 pertes d’équilibre qui nous feront mettre les pieds dans les rizières (jusqu’au genou). Pas toujours évident de garder l’équilibre sur des cailloux de toutes tailles avec d’un côté une rizière remplie d’eau et de l’autre, un vide de trois bons mètres donnant sur une autre terrasse toute aussi remplie  d’eau. Nous arrivons à Cambulu vers 14h30 et après avoir englouti un copieux plat de riz en un temps record (notre seul repas de la journée), nous nous octroyons une petite sieste salvatrice. Nous sommes réveillés vers 18h par Derrick (oui oui, comme l’inspecteur) qui contrairement à son soporifique homonyme teuton, est d’une incroyable énergie communicative, surtout lorsqu’il chante du Johnny Cash en s’accompagnant à la guitare. Il fait office de guide pour Sylvine et Nicolas, deux français qui nous ont rejoint entretemps. Nous passerons la soirée à discuter et apprenons que Derrick est en fait l’oncle de Jeffrey. Une grande famille de gens chaleureux qui décident de nous inviter chez eux quand nous serons rentrés à Banaue. Nous discuterons autour du feu jusque 22h, quand une oie surgira de nulle part et picorera copieusement l’arrière-train de Derrick. Après cette tranche de franche rigolade, nous prenons congé de Jeffrey, qui a apparemment décidé de soigner le mal par le mal en s’ouvrant une bière.

La deuxième journée de marche sera encore plus facile que la précédente et ce dès le réveil. En effet, nous pouvons roupiller tranquille jusque 9h30 avant de nous mettre en route. Les Philippins ne sont pas vraiment du matin et on ne va certainement pas s’en plaindre! Nous déjeunons du meilleur pancake en 9 mois qui est en fait le premier vrai pancake que nous mangeons en Asie, les autres pouvant se résumer à d’épaisses crêpes. Les américains ont enfin laissé quelque chose de positif sur leur passage. Nous saluons Derrick, Sylvine et Nico qui partent découvrir le village avant de se mettre en route à leur tour. 2h plus tard, nous arrivons au sommet d’une colline nous offrant une vue imprenable sur Batad, le village-étape du jour. Nous descendons un nombre incalculable de marches qui réveilleront les genoux de Colienne (deuxième appel, vu que le précédent depuis le Népal n’avait rien donné, besoin urgent d’une greffe de genoux, Philippins, Népalais, peu importe) pour arriver à une cascade qui nous fera bien vite oublier que nous devrons tout remonter un peu plus tard. Nous n’avons pas pris nos maillots, mais vu la température de l’eau, nous ne nous en tenons pas rigueur. Nous nous rafraichirons juste le visage et prenons un bain de pieds plus que bienvenu. Le retour à Batad sera la partie la plus hard du trek (de hautes marches faites de gros cailloux et d’autres en béton légèrement inclinées) et nous arrivons trempés de sueur au checkpoint où nous faisons un break en compagnie des français et de leur guide, qui s’apprêtent à descendre. La dernière heure de grimpette sera ridiculement facile par rapport au chemin de la cascade et nous arriverons presque secs à la guesthouse où nous attend une succulente soupe de nouilles. Il n’est que 15h quand nous posons nos bols et nous partons explorer les environs en quête de cigarettes. Nous rencontrons en chemin un sculpteur qui taille une tête de varan qu’il compte placer sur le cadavre du varan à la tête manquante qu’il vient d’empailler de remplir de journaux. Dommage qu’il ne soit ni à vendre ni terminé, il aurait été le parfait compagnon de Crapette. Nous trouvons facilement « la maison qui vend des clopes » et sommes accueillis par 3 gosses qui ne se lasseront pas de se faire suspendre en l’air par Ben. Surtout le plus lourd grand qui le fatiguera bien (dans tous les sens du terme). Nous remontons à la guesthouse et le patron nous propose de choisir notre chambre vu qu’à l’heure actuelle nous en sommes les seuls occupants. Un nid de frelons ayant investi un endroit que l’on imagine pas très éloigné, nous prendrons donc celle qui n’héberge pas l’une de ces énormes bestioles. Nous sommes vite rejoints par Sylvine et Nico, qui n’ont guère été plus motivés que nous par la température de l’eau mais qui ont quand même fait l’effort de se mettre en maillot. Ils ont acheté une bouteille de vin de riz et nous invitent à la descendre sur la terrasse. Le verdict est plutôt mitigé après dégustation mais en le mélangeant à la bière, ça passe plutôt bien et nous serons bien obligés de finir la bouteille, promesse d’une nuit aussi excellente que la soirée que nous venons de passer… Ou pas! Au coucher, Nico se fait piquer par un frelon, nous obligeant à exterminer un nombre extraordinaire d’entre eux (2) à l’aide de grosses godasses. Précisément dans la chambre juste au dessus des guides qui nous avoueront au matin qu’ils pensaient que nous nous battions et qui n’ont pas osé monter voir de quoi il retournait. En gros, personne n’a vraiment bien dormi et encore plus spécialement Jeffrey qui n’a pas trouvé le sommeil avant 4h30 à cause de son kawa de 2h.

Nous reprenons donc la route avec des gueules de déterrés mais cette dernière journée est heureusement la plus courte. 2h30 suffiront pour en venir à bout en compagnie du chien de la guesthouse de Batad qui nous suivra jusqu’à la route sur laquelle il ne mettra pas une patte tellement il est terrifié par le bruit du moteur du tricycle nous attendant. Suivra donc 1h de tricycle sur des routes chaotiques qui nous retournerons l’estomac. Ce qui tombe plutôt bien vu que nous arrivons affamés à Banaue vers midi. Nous nous débarrassons de nos chaussures trempées (oui, nous avons encore fait 2-3 plongeons) et prenons une bonne douche chaude avant que Jeffrey nous emmène à la maison familiale pour fêter ensemble son 21ème anniversaire. Là-bas nous attendent toutes les personnes que nous avons rencontrées à Banaue à savoir le grand-père, Derrick, the lost Korean, le patron du Stairway Lodge ainsi que le reste de la famille. Le repas traditionnel commence sur les chapeaux de roues puisque Jeffrey égorge 1 poulet qu’il laisse se vider dans une gamelle de vinaigre. Il vide ensuite la bête et nettoie les intestins pour les faire frire avec des oignons, le sang et du vinaigre, ce qui constituera l’apéro. Aussi surprenant que ça puisse paraître, c’est assez bon et ça ressemble pas mal à du boudin noir. Comme Jeffrey, le reste de sa famille est très timide et il leur faut quelques verres pour briser la glace. La guitare et les bouteilles passent de mains en mains, tout le monde chante du Bob Dylan et d’autres classiques folks. Leur anglais est tout ainsi impressionnant que leurs voix et on commence à comprendre l’engouement national pour le karaoké vu qu’apparemment personne ici n’est doté de belles voix pourries comme les nôtres. Nous passons à table pour le plat principal qui est composé de cuisses et de blancs de poulet agrémenté de riz et légumes. Le tout accompagné par une délicieuse soupe (au poulet, évidemment mais on a préféré pas demander de quelle partie). Digestif obligatoire avant de partir boire des bières au Friendly bar et nous sommes déjà bien entamés avant de nous mettre en route. Nous prenons congé et remercions chaleureusement la famille de Jeffrey qui nous invite à passer les voir si nous restons plus longtemps à Banaue. Ce serait en effet sympa mais on commence à craindre pour nos foies. Nous passerons la reste de la soirée au bar à écouter les jeunes du village jammer avec d’autres français de passage et rentrerons avant les 22h fatidiques. Jeffrey nous propose toutefois de partir en ballade pour quelques heures le lendemain en terminant par des sources d’eau chaude, ce que nous acceptons volontiers.

Le lendemain 10h nous attendons un Jeffrey qui n’arrivera jamais. Vu comment il s’est cuité avant de partir en trek, il allait pas faire plus léger le jour de son anniversaire, c’est logique. Ce qui tombe plutôt bien parce que ce dernier jour à Banaue sera maussade, le pluie ne cessera pas une minute et il faut aussi avouer que nous avons une petite gueule de bois. On a tout intérêt à partir d’ici sinon ça va devenir une habitude…





Puerto Bangkokarta (Manille)

25 10 2011

Le petit surnom que nous avons trouvé à Manille lui va comme un gant! C’est un doux mélange de Jakarta (pour le trafic chaotique et la pauvreté flagrante), Bangkok (pour la prostitution et le coût de la vie), le tout dans une ambiance hispanisante en bord de mer (d’où Puerto). A peine sortis de l’avion, nous nous retapons 3h de bus jusqu’au centre-ville (AirAsia dessert Clark et non Manille) et à notre sortie de ce dernier, nous sommes assaillis par une horde de taximen. On avait pas vu ça depuis longtemps et ça ne nous avait pas manqué, il faut bien le dire. Nous partageons donc un taxi avec une hollandaise jusque Malate, quartier stratégique à cause de sa proximité avec Intramuros, le cœur historique, seule chose que nous comptons vister à Manille. Malate est littéralement envahi par les Japonais et les Coréens, qui ouvrent restaurants, bars (à hôtesses évidemment) et épiceries. Nous y trouverons d’ailleurs du Kimchi, épice Coréenne que nous avions oublié d’emporter lors de notre départ précipité de Séoul. Plutôt pratique.

Le lendemain, nous remontons donc la jetée dont la majeure partie est occupée par l’ambassade des états-unis, qui semble s’étirer sur des kilomètres. Nous traversons le parc José Rizal, le héros national du pays qui est heureusement gratuit (le parc, pas ce cher Monsieur Rizal, qui prouva par le passé qu’il n’est pas à vendre, ha-ha) et abrite un jardin d’orchidées, chinois, japonais, qui eux, sont payants. C’est probablement avec ces revenus qu’ils emploient l’impressionnant personnel qui débarrasse le parc de ses détritus. A ce propos, nous nous attendions à un pays similaire à l’Indonésie point de vue propreté/écologie mais il n’en n’est rien! Ici, on ne peut fumer nulle part sous peine d’amende et bien que l’air de Manille soit considérablement vicié, les rues n’en demeurent pas moins propres. Impressionnant. Pour en revenir au parc, c’est un parc tout ce qu’il y a de plus banal mais c’est en sortant que nous sommes interpellés par la statue de « Conar le Barbant », autre héros national en pagne avec un gros glaive (qui doit justement compenser ce que ce pagne douteux cache). Nous sommes à ce stade déjà passablement émerveillés mais le lac derrière elle accueille une reproduction de l’archipel Philippin fabriqué dans le même plastique vert que les bacs à compost de chez Brico (et qui a donc totalement sa place au fond d’un jardin, aussi grand soit-il). Juste derrière se situe l’entrée d’Intramuros, la ville fortifiée construite par les espagnols au 16ème siècle. Les douves ont toutefois été comblées et remplacées par un parcours de Golf que nous traversons non sans avoir été salués par le caddie local d’un chinois taquinant la balle. Surréaliste, à l’image de Manille, la ville où se côtoient des ponts abritant des centaines de SDF et des centres commerciaux de la taille d’une petite ville. Jakarta frappait déjà très fort mais Manille remporte haut la main le trophée des inégalités sociales. A peine passés le premier rempart, nous sommes courtisés comme des étudiantes pompettes pour nous vendre un tour en tricycle de la vieille ville, qui ne doit pas dépasser les 2 kilomètres carrés de superficie. Nous refusons poliment et finirons par les ignorer, un réflexe qui reviendra assez vite. Nous ne nous attarderons que très peu de temps sur l’église San Augustine et la cathédrale de Manille, véritables repères à vendeurs de bondieuseries et prenons directement la direction du Fort Santiago, où fut exécuté José Rizal en 1896. Le porte principale est plutôt bien conservée mais c’est à peu près tout. Il est assez plaisant de se balader sur les remparts pour observer les parties de la ville qui ne sont pas restées coincées dans un passé lointain. Le reste du fort abrite un musée à la gloire de ce bon José, ce qui est plutôt bienvenu par une chaleur pareille. Nous revenons au quartier par un chemin différent et prenons une bière dans un café blindé de vieux Australiens regardant le rugby (et accessoirement les décolletés des serveuses). Le prix de la bière est dangereusement bas (0,47€ les 33cl) ce qui, combiné à une cuisine locale grassement exécrable, nous fera à coup sûr reprendre quelques kilos. Misère, va falloir se bouger deux fois plus! Nous terminerons donc la journée par une soupe de nouilles vietnamienne au centre commercial non-loin de l’hôtel (seul repas plus ou moins sain que nous trouverons ici) et rentrerons de bonne heure pour ne pas louper notre bus pour Baguio le lendemain. De là, il devrait être plus aisé de trouver un autre bus pour Banaue et ses rizières en terrasses verdoyantes!