Nous ne descendrons pas à la gare de Séoul mais à celle de Insa-dong, lieu stratégique pour nos visites Séoulites. Après quelques dizaines de minutes de marche à tourner en rond dans le quartier pour ne jamais trouver l’hôtel convoité, nous trouvons une auberge bon marché et après s’être délesté de nos sacs, nous partons découvrir le quartier, qui est en fait celui des artistes à en juger par le nombre exponentiel de galeries d’art présentes ici. La ville est relativement propre mais comme nous l’expliqua Garrett, c’est probablement dû aux inondations qui ont emporté la majorité des détritus.
Les ruelles remplies de marchands de toutes sortes nous rappellent un peu le Cambodge quoi qu’ils soient tout de même moins insistants (pas de « Hello sir, buy somethiiiiing! » ici). Nous terminons l’après-midi en errant au parc Tapgol, où se dresse une impressionnante pagode de pierre de 10 étages et un non moins impressionnant nombre de retraités jouant aux dames. Nous trouvions la population coréenne relativement jeune, il faut croire que les personnes âgées sont stockées ici vu le nombre d’Ajummas (grand-mères) et d’Akechis (grand-pères) somnolant à l’ombre d’un arbre en attendant leur tour de taquiner la dame. Les Ajummas sont assez énormes, elles ont toutes la même coupe de cheveux, à savoir une permanente über-frisée qui doit faire le bonheur du portefeuille des coiffeurs locaux. Cette coupe leur est exclusivement réservée (probablement pour pouvoir les reconnaitre dans le bus pour leur laisser la place) et est assez pratique pour estimer leur âge, qui n’est pas une tâche facile. Partout en Asie, les gens ont l’air beaucoup plus jeunes que leur âge effectif mais en Corée, c’est encore pire. Nous rencontrons d’ailleurs 2 étudiants dans un resto à qui nous mettons une vingtaine d’années qui ont en fait amplement passé la trentaine. Les 21 mois de service militaire obligatoire conservent bien mais les oblige aussi à entreprendre des études relativement tard. Nous apprendrons aussi que tout le monde naît à 1 an et gagne une année au premier janvier. Prenons un exemple concret: Kim (forcément) est né le 28 décembre (et a donc déjà 1 an), une fois le jour de l’an passé, il souffle déjà ses deuxièmes bougies alors qu’il n’est âgé que de 6 jours. Epatant. Pour en revenir à notre périple, nous passerons la soirée avec ces 2 types qui nous offrirons une surprenante salade de fruits coréenne. Celle-ci est composée d’ananas, de poires, pommes, bananes, tomates, le tout dans un jus de fraise au lait gardé au frais par des tonnes de glaçons. Appréciable par cette chaleur, qui sera de courte durée, malheureusement.
L’hôtel où nous passons la nuit est complet le lendemain à cause d’un nombre important de réservations et nous devrons faire notre paquetage avant 10h. Nous tournons de nouveau dans le quartier jusqu’à tomber sur la MaMa Guesthouse, une maison traditionnelle Coréenne un peu hors budget mais diablement charmante. L’artiste peintre et propriétaire, Mr. Ju, nous fera une belle ristourne (50% + petit déj’ gratis) sur les 2 nuits que nous y passeront tellement il est ravi d’accueillir des belges. Le temps de poser nos sacs et la météo est déjà revenue à la pluie. Nous attendons une accalmie avant de nous mettre en route pour le quartier de l’hôtel de ville, où nous devons rencontrer Garrett une fois sa journée terminée. Ce dernier n’est jamais venu dans ce quartier et à l’air quelque peu préoccupé par le fait qu’un nombre croissant d’étudiants arrête de prendre des cours dans son école. Nous irons donc noyer ces inquiétudes avec quelques bières. Le temps étant de plus en plus maussade, nous n’irons pas voir le match de baseball planifié à l’origine et passerons la soirée à l’abri dans ce bar pour finalement se séparer devant une bouche de métro sur la route de notre hôtel.
Nous dormirons comme des loirs le lendemain dans cette chambre traditionnelle (futons à même le parquet) et il sera déjà 14h quand nous mettrons en route pour le palais Gyeongbokgung où nous passerons l’après-midi compte tenu de sa taille et surtout de celle de ses jardins où un village traditionnel coréen est reconstitué. Nous sommes chassés à 18h pour la fermeture et après un léger repas (nouilles instantanées), nous rentrons à la guesthouse où nous a attendu le sympathique Mr. Ju avec qui nous discuterons une partie de la soirée. Ce dernier nous apprend qu’il a vécu quelques années à Venise pour étudier l’art et qu’il était un bon ami de feu Nam-Jun Paik. Il parle un italien parfait et nous invite le lendemain à venir déjeuner dans le restaurant que sa femme tient à deux pas du palais que nous avons visité. Nous profitons de sa connexion internet pour apprendre avec horreur que nous sommes à 2 doigts d’exploser le quota de nos cartes de crédit. Le japon a décidément laissé bien des traces…
Même nuit que la précédente, si pas meilleure vu notre réveil encore plus tardif. Après une rapide douche, nous partons déjeuner en compagnie de notre hôte, de sa femme et de son associée, Mme Wong (ça ne s’invente pas). Ce repas sera le meilleur de tout notre séjour en Corée (et pas parce qu’il est gratuit, loin de là). Il est composé de riz, de feuilles de nori grillées, d’une soupe de porc bien relevée au Kimchi (délicieux bouillon végétarien pour Colienne), d’une salade de calamar aux nouilles de riz et toutes sortes de légumes épicés toujours au Kimchi. Rien qui figure officiellement dans le menu du restaurant, nous sommes très honorés de cette attention. Nous déambulons ensuite une dernière fois dans Insa-dong afin de trouver quelques Hoegarden pour remercier notre hôte comme il se doit avant de prendre un bus pour l’aéroport. Pas de chance, apparemment en Corée, quand on offre des bouteilles, il faut les boire directement et nous devrons donc vider 3 bières chacun vite fait pour ne pas louper notre bus. Etant donné que les Coréens ne boivent pratiquement que du soju et des alcools maison, nous laisserons notre bienfaiteur dans un drôle d’état. Ce dernier nous remerciera d’ailleurs très chaleureusement, un peu comme nous avec le PDG de la distillerie de saké…