Seoul

12 08 2011

Nous ne descendrons pas à la gare de Séoul mais à celle de Insa-dong, lieu stratégique pour nos visites Séoulites. Après quelques dizaines de minutes de marche à tourner en rond dans le quartier pour ne jamais trouver l’hôtel convoité, nous trouvons une auberge bon marché et après s’être délesté de nos sacs, nous partons découvrir le quartier, qui est en fait celui des artistes à en juger par le nombre exponentiel de galeries d’art présentes ici. La ville est relativement propre mais comme nous l’expliqua Garrett, c’est probablement dû aux inondations qui ont emporté la majorité des détritus.

Les ruelles remplies de marchands de toutes sortes nous rappellent un peu le Cambodge quoi qu’ils soient tout de même moins insistants (pas de « Hello sir, buy somethiiiiing! » ici). Nous terminons l’après-midi en errant au parc Tapgol, où se dresse une impressionnante pagode de pierre de 10 étages et un non moins impressionnant nombre de retraités jouant aux dames. Nous trouvions la population coréenne relativement jeune, il faut croire que les personnes âgées sont stockées ici vu le nombre d’Ajummas (grand-mères) et d’Akechis (grand-pères) somnolant à l’ombre d’un arbre en attendant leur tour de taquiner la dame. Les Ajummas sont assez énormes, elles ont toutes la même coupe de cheveux, à savoir une permanente über-frisée qui doit faire le bonheur du portefeuille des coiffeurs locaux. Cette coupe leur est exclusivement réservée (probablement pour pouvoir les reconnaitre dans le bus pour leur laisser la place) et est assez pratique pour estimer leur âge, qui n’est pas une tâche facile. Partout en Asie, les gens ont l’air beaucoup plus jeunes que leur âge effectif mais en Corée, c’est encore pire. Nous rencontrons d’ailleurs 2 étudiants dans un resto à qui nous mettons une vingtaine d’années qui ont en fait amplement passé la trentaine. Les 21 mois de service militaire obligatoire conservent bien mais les oblige aussi à entreprendre des études relativement tard. Nous apprendrons aussi que tout le monde naît à 1 an et gagne une année au premier janvier. Prenons un exemple concret: Kim (forcément) est né le 28 décembre (et a donc déjà 1 an), une fois le jour de l’an passé, il souffle déjà ses deuxièmes bougies alors qu’il n’est âgé que de 6 jours. Epatant. Pour en revenir à notre périple, nous passerons la soirée avec ces 2 types qui nous offrirons une surprenante salade de fruits coréenne. Celle-ci est composée d’ananas, de poires, pommes, bananes, tomates, le tout dans un jus de fraise au lait gardé au frais par des tonnes de glaçons. Appréciable par cette chaleur, qui sera de courte durée, malheureusement.

L’hôtel où nous passons la nuit est complet le lendemain à cause d’un nombre important de réservations et nous devrons faire notre paquetage avant 10h. Nous tournons de nouveau dans le quartier jusqu’à tomber sur la MaMa Guesthouse, une maison traditionnelle Coréenne un peu hors budget mais diablement charmante. L’artiste peintre et propriétaire, Mr. Ju, nous fera une belle ristourne (50% + petit déj’ gratis) sur les 2 nuits que nous y passeront tellement il est ravi d’accueillir des belges. Le temps de poser nos sacs et la météo est déjà revenue à la pluie. Nous attendons une accalmie avant de nous mettre en route pour le quartier de l’hôtel de ville, où nous devons rencontrer Garrett une fois sa journée terminée. Ce dernier n’est jamais venu dans ce quartier et à l’air quelque peu préoccupé par le fait qu’un nombre croissant d’étudiants arrête de prendre des cours dans son école. Nous irons donc noyer ces inquiétudes avec quelques bières. Le temps étant de plus en plus maussade, nous n’irons pas voir le match de baseball planifié à l’origine et passerons la soirée à l’abri dans ce bar pour finalement se séparer devant une bouche de métro sur la route de notre hôtel.

Nous dormirons comme des loirs le lendemain dans cette chambre traditionnelle (futons à même le parquet) et il sera déjà 14h quand nous mettrons en route pour le palais Gyeongbokgung où nous passerons l’après-midi compte tenu de sa taille et surtout de celle de ses jardins où un village traditionnel coréen est reconstitué. Nous sommes chassés à 18h pour la fermeture et après un léger repas (nouilles instantanées), nous rentrons à la guesthouse où nous a attendu le sympathique Mr. Ju avec qui nous discuterons une partie de la soirée. Ce dernier nous apprend qu’il a vécu quelques années à Venise pour étudier l’art et qu’il était un bon ami de feu Nam-Jun Paik. Il parle un italien parfait et nous invite le lendemain à venir déjeuner dans le restaurant que sa femme tient à deux pas du palais que nous avons visité. Nous profitons de sa connexion internet pour apprendre avec horreur que nous sommes à 2 doigts d’exploser le quota de nos cartes de crédit. Le japon a décidément laissé bien des traces…

Même nuit que la précédente, si pas meilleure vu notre réveil encore plus tardif. Après une rapide douche, nous partons déjeuner en compagnie de notre hôte, de sa femme et de son associée, Mme Wong (ça ne s’invente pas). Ce repas sera le meilleur de tout notre séjour en Corée (et pas parce qu’il est gratuit, loin de là). Il est composé de riz, de feuilles de nori grillées, d’une soupe de porc bien relevée au Kimchi (délicieux bouillon végétarien pour Colienne), d’une salade de calamar aux nouilles de riz et toutes sortes de légumes épicés toujours au Kimchi. Rien qui figure officiellement dans le menu du restaurant, nous sommes très honorés de cette attention. Nous déambulons ensuite une dernière fois dans Insa-dong afin de trouver quelques Hoegarden pour remercier notre hôte comme il se doit avant de prendre un bus pour l’aéroport. Pas de chance, apparemment en Corée, quand on offre des bouteilles, il faut les boire directement et nous devrons donc vider 3 bières chacun vite fait pour ne pas louper notre bus. Etant donné que les Coréens ne boivent pratiquement que du soju et des alcools maison, nous laisserons notre bienfaiteur dans un drôle d’état. Ce dernier nous remerciera d’ailleurs très chaleureusement, un peu comme nous avec le PDG de la distillerie de saké…





Busan – Gyeongju – Suwon

7 08 2011

Après trois heures à regarder « Le Royaume des Chats » en V.O. sous-titrée Coréen en boucle, nous arrivons à Busan, la deuxième ville Sud-Coréenne. Nous nous attendions à voir une ville calquée sur le modèle japonais alors qu’en fait elle nous fait plus penser au Vietnam. Le constat n’est pas extraordinaire, c’est sale, ça pue et c’est blindé de prostituées russes qui on le suppose, répondent à la demande du nombre hallucinant de touristes de la même origine. Tout comme au Vietnam, le contraste est sympathique et il n’est pas rare de voir de vieilles dames laver des poissons morts à même le sol à deux pas de gigantesques centres commerciaux. Il est aussi hallucinant de voir que la plupart des instituons n’appartiennent pas au gouvernement mais aux grandes marques Coréennes et il est donc plus que commun de voir des banques Hyundai et des hôpitaux Samsung.

Nous y passerons quand même 2 nuits pour voir ce que les faubourgs ont a offrir, à savoir un temple qui, à l’instar de la ville, n’a rien d’extraordinaire et une forteresse si mal indiquée que nous ne la trouverons jamais. Une chouette ballade sous une pluie torrentielle qui aura raison de notre fidèle parapluie 7-Eleven. Nous déambulerons dans les rues près du Busan International Film Festival Square, sorte de Sunset Boulevard local où même l’increvable Jeanne Moreau a laissé ses empreintes ainsi qu’au très « parfumé » marché aux poissons au nom imprononçable situé de l’autre côté de la rue. Même le paysage qu’offre la plage est gâché par un gigantesque pont traversant la baie et la digue n’a rien à envier à celle d’Ostende tellement elle est remplie de restos, cafés et lunaparks. Nous nous familiariserons néanmoins à la cuisine Coréenne, nettement plus épicée que celle que nous avons goûté ces derniers mois grâce à l’épice nationale, le Kimchi, qui est en fait une purée de piments rouges fermentée. Colienne se contentera de Gimbap, l’homologue king-size et coréen du Maki Sushi japonais.

Au matin du 3ème jour, nous prenons le premier train en direction de Gyeongju, ancienne capitale de l’ère Silla (prononcez Shilla), qui devrait logiquement être plus intéressante et à l’abri de cette pluie incessante qui provoqua des dégâts impressionnants à la capitale (que nous devons atteindre dans la semaine pour ne pas louper notre vol pour Jakarta). Les 3 heures de train nécessaires nous paraîtrons une éternité dû à la compagnie aussi sympathique qu’olfactivement éprouvante d’un vieillard de 83 ans qui nous détailla tout ce que nous vîmes défiler à travers la vitre. Ben prétexta plusieurs fois avoir faim pour aller prendre l’air près d’un distributeur de bonbons.

A bon port, nous rencontrons Garrett à l’office du tourisme. Il est, comme 90% des Américains vivant en Corée du Sud, prof d’anglais dans une école séoulite et profite des congés scolaires pour découvrir un pays dans lequel il vit depuis seulement 3 mois. Nous faisons un bout de chemin avec lui jusqu’à trouver un motel convenable (comprenez, pas un motel de passe, extrêmement populaires ici). Après une douche plus que bienvenue, nous partons découvrir les alentours et visitons le parc des tumuli (qui est en fait le cimetière royal) après avoir convenu d’aller manger ensemble un peu plus tard. 20h, nous retrouvons Garrett au motel et trouvons rapidement notre bonheur dans une cantine avoisinante. Le tout est toujours bien relevé au Kimchi et particulièrement copieux. Garrett nous fera découvrir le Soju, alcool local qui rend bon nombre de Coréens très « heureux ». Après dégustation, ce n’est pas vraiment différent de notre pékèt wallon. Nous passerons la soirée à discuter dans l’un des nombreux parcs de la ville et planifions une rencontre à Séoul.

Le lendemain, Garrett est probablement déjà parti depuis longtemps quand nous décidons de louer un vélo pour nous rendre jusqu’au temple Bulguksa, situé à 16km de là. Pour le fun, nous louons un tandem qui s’avère particulièrement pénible dans les nombreuses côtes situées sur le chemin. D’ailleurs, en parlant de chemin, c’est vraiment la galère pour se déplacer en vélo ici. Les vélos sont censés devoir circuler sur des trottoirs aléatoirement garnis d’arbres tantôt à droite, tantôt à gauche. De plus les trottoirs sont surélevés de 20 bons centimètres par rapport à la chaussée et ont la fâcheuse tendance de s’arrêter net aux carrefours, un véritable parcours d’obstacles! Nous nous arrêterons en chemin pour manger des nouilles instantanées dans un magasin de proximité, qui est en fait la seule option dès que l’on est sorti de la ville. 1h plus tard, nous arrivons au temple et honnêtement, il vaut bien tous les efforts que nous avons fait. Son parc est aussi des plus agréables et seule la pluie nous forcera à quitter l’endroit. Vu le nombre de côtes que nous avons gravies à l’aller, le retour sera (légèrement) plus facile et l’envie d’être trempés jusqu’aux os nous séduisant moyennement, ce sera carrément une course contre la pluie jusqu’au motel, où nous passerons la soirée tranquille (et au sec).

Nous nous levons de bonne heure le jour suivant car nous avons encore quelques kilomètres de prévus. L’étang d’Anapji sera notre première destination. Nous nous posons sur un banc pour dessiner et un sympathique touriste Coréen époustouflé par nos coups de crayons demandera à Ben de le caricaturer. La pluie n’est pas de la partie aujourd’hui mais on dirait que le soleil cherche à se faire pardonner pour son absence injustifiée de ces derniers jours. Après quelques kilomètres, nous entrons enfin dans le parc national de Namsan, où nous gravirons quelques collines où se trouvent des minuscules gravures bouddhistes sculptées à même le roc. Sympa à voir lors d’une ballade en forêt mais ça ne valait pas les 5 kilomètres que nous venons de nous farcir à pieds. Nous rentrons rapidement en passant par les jardins du musée de la ville et le parc où nous avons passé la soirée avec Garrett, où se prépare un concert de musique classique le soir-même. Nous allons manger quelques Onigiri (boules de riz japonaises fourrées au choix), faisons quelques provisions et après avoir été chercher le tapis de plage au motel, nous sommes au premières loges pour le concert! Seulement la moitié des chanteurs ont effectivement une véritable voix mais nous passerons un bon moment devant cette sorte « d’opéra pour les nuls ». Nous croiserons nombre de Coréens ayant abusé de « l’alcool qui rend heureux » sur le chemin du retour qui nous gratifieront de larges sourires et de « helllooooo » embrumés.

Troisième et dernier jour, nous rendons la chambre et partons pour la gare où nous apprenons que les places assises pour Suwon sont sold-out. Ne pouvant perdre un jour de plus à Gyeongju, nous décidons donc de rester debout entre 2 wagons durant les 5 heures de trajet. Nous ne paierons pas moins cher pour la cause, on sent bien l’influence chinoise sur ce coup-là. Le trajet sera encore assez pénible grâce à un homme passablement alcoolisé et sa gamine qui brailleront « I want to go Belgium! OK buddy? » en boucle tout le trajet.  Nous le croiserons de nouveau à la gare de Suwon, notre dernière étape avant Séoul, mais ce dernier semblera ne pas se rappeler de nous. Tant mieux. Nous faisons le tour du quartier de la gare alors que s’abat sur la ville une pluie torrentielle. Nous sommes trempés en moins de deux et posons nos sacs dans le premier « love motel » venu. Les propriétaires n’en reviennent pas que nous voulions vraiment dormir et seront aux petits soins avec nous. Ils nous prêteront même leur parapluie lorsque nous sortirons dîner.

Le lendemain, nous passerons la matinée sur la muraille de la forteresse qui semble s’étendre à l’infini. Elle offre aussi un magnifique panorama de la ville (quoiqu’un peu indigeste à cause des HLM…) Nous visiterons aussi la forteresse à l’œil car apparemment, quelqu’un à mal fermé la porte de derrière! Nous en faisons vite le tour et sommes bien contents de ne pas avoir eu à payer car les remparts sont bien plus intéressants. Nous passons reprendre nos bagages au motel et sautons dans un métro pour la capitale, désormais toute proche.