Alors bon, après 3h de ferry dans le traditionnel froid polaire, nous mettons le pied sur l’île qui nous servira de solarium pour nos 2 dernières semaines en ribote. Nous sommes accueillis par un aigle aussi majestueux que Manneken Pis pendant les fêtes et enfourchons enfin nos bécanes pour le moment de vérité. Ils ne nous lâcheront pas durant les 22 kilomètres nous séparant de la plage et même avec nos 17kg sur le dos. Nous arrivons trempés et les lanières de nos sacs ont considérablement entamé nos clavicules. Le hasard fait bien les choses, nous faisons une pause à moins de 10 mètres de l’hôtel convoité, qui est plutôt cher mais étant tenu par la réceptionniste la plus adorable que nous ayons rencontrée, nous bénéficierons d’une ristourne conséquente, ce qui est carrément le bienvenu vu que nous comptons y rester 15 jours. Ce n’est qu’en allant dîner que nous nous rendons compte que nous avons choisi la plage la moins fréquentée et c’est un soulagement quand nous découvrons Pantai Cenang, la « grosse » plage qui sent bon le Club Med et « l’arrêt gueule-de-bois » des déchets qui reviennent des full-moon parties Thaïlandaises.
Nous passerons donc nos journées sur « notre » Pantai Tengah, fréquentée essentiellement de touristes locaux, de Bengladishis et de quelques Russes en famille. Ne croyez pas que nous ne ferons que les carpettes durant notre séjour (même si c’est majoritairement l’idée), nous y explorerons les environs; une baie remplie de yachts à vendre et de restaurants haut de gamme attendant d’hypothétiques clients, le tout à 25 kilomètres d’où nous avons élu domicile. Rien de bien transcendant, d’autant plus que le restaurant le plus abordable est spécialisé dans le Bortsch. Nous y boirons un coca et rentrerons vite fait au bercail. Le lendemain, nous repartirons, à vélo toujours, jusque Kuah, la ville où nous sommes arrivés en ferry mais cette fois par un autre chemin, histoire de choisir le plus simple au retour. Il ne nous faudra qu’une heure pour rejoindre la jetée mais nous réalisons qu’en fait, on va en baver pour le refaire avec nos sacs sur le dos. Nous voulions par la même occasion nous débarrasser de quelques affaires en renvoyant un colis qui devra attendre notre prochaine visite car c’est vendredi, le jour de repos hebdomadaire musulman.
Durant les jours suivants, nous avons bel et bien profité, au programme, carpette sur la plage, soupes de nouilles et verres de vin rouge (avait-on mentionné que l’île est Duty-free?) et re-carpette histoire d’affiner notre bronzage pour se la raconter grave quand on vous verra. Nous retournerons tout de même à Kuah pour envoyer notre colis, mais cette fois en taxi. « Roooh les fainéants » vous allez dire… Et bien après un an de backpack, oui. Un rapide passage au mister-crash et là c’est le drame, la carte de Colienne reste bloquée dans la machine, il fallait bien que ça arrive un jour mais à une semaine du retour! Nous passerons donc vite à la poste après avoir pris soin de se trouver une caisse et du scotch (la ‘POS‘ n’en dispose pas, le comble…) muni des quelques Ringgit qui nous restent (qui suffiront pour l’envoi et un nouveau taxi jusqu’au siège social de la banque, ouf). Une bonne demi heure d’attente, les portes d’entrées se ferment, nous ne sommes plus que 4 dans les bureaux. On nous reçoit enfin. Colienne avait eu la bonne idée de laisser son passeport à l’hôtel du coup impossible de prouver son identité. Après quelques questions concernant le nom de cette étrange banque belge, tel un magicien sortant un lapin de son chapeau, l’employé nous sort fièrement la carte bancaire du dessous de son bureau. Enorme soulagement ainsi que pour les 10 clients nous précédant qui étaient visiblement dans le même cas. Nous repartons le sourire aux lèvres sans oublier de faire un bref passage dans un duty-free (l’île a beau être entièrement duty-free, certains commerces se prennent de bien grasses marges sur les clopes) et de s’avaler un Murtabak avant de reprendre un taxi.
Les derniers jours sur l’île sont passés à une vitesse impressionnante. Nous étions censés changer de chambre tous les 3-4 jours parce que cette dernière était réservée pour certaines nuits mais ce ne fut pas le cas grâce à notre réceptionniste en or. Pour les 2 dernières nuits, nous serons tout de même contraints de déménager pour une chambre à deux lits simples où nous ne dormirons pas des masses à cause de leurs matelas en teck massif et regretterons honteusement notre chambre où 3 familles Malaises s’entassent facilement. Nous irons quand même manger sur le marché de nuit du jeudi et rencontrerons là un Anversois (encore un!) complètement à la masse et ses potes Finlandais non moins déjantés. Nous picorerons nos trouvailles respectives à même le sol comme des clochards (un marché où il n’y a que de la bouffe et aucune chaise vous laisse imaginer le sens pratique particulier des Malais) en compagnie d’un Norvégien qui s’est invité dans l’assiette de Ben. L’avant-dernier jour, soit le jour du réveillon de Noël, nous nous sommes offert une superbe pizza au thon arrosée de Guinness (on dit des Guinnesses?) dans un pub Irlandais tenu par des thaïs. Pas vraiment un repas de fête mais nous avions besoin d’un bon repas bien gras qui ne serait pas typiquement Malais et quelle meilleure occasion que Noël pour se faire plaisir? Le jour de Noël, nous ne ferons que bronzette (ce sera d’ailleurs le jour le plus ensoleillé de notre séjour), remballerons tout notre fatras et irons nous coucher de bonne heure pour espérer attraper l’un des premiers ferries du lendemain.
Nous arriverons au port à 8h30 et devrons attendre 10h vu que le ferry de 8h45 est déjà plein à craquer. Après la pire traversée en bateau que nous ayons connue cette année (mer très agitée, on a failli dégainer les petits sacs alors que les gros ont été sensiblement arrosés au rez-de-chaussée) nous sautons dans un taxi pour Alor Setar, où un type nous poussera dans le premier bus qui passe pour Kuala Lumpur. Pas une seconde de répit donc pas une seconde de retard, ça fait plaisir. 7h plus tard, nous nous posons enfin à l’hôtel que nous avions réservé la veille sur internet. Nous y passerons les 2 nuits nous séparant de Londres et sa promesse d’un dur retour à la réalité…